LA PROCESSIONNAIRE DU PIN
Thaumetopoea pityocampa.
Introduction, description :
Cet insecte de l’ordre des Lépidoptères (papillons), est un redoutable ravageur des Pins utilisés pour l’ornementation ou la constitution de peuplements forestiers.
On le rencontre, le plus fréquemment sur le Pin noir d’Autriche (Pinus nigra nigricans), le Pin laricio de Corse (Pinus nigra laricio), le Pin maritime (Pinus pinaster), le Pin sylvestre (Pinus sylvestris), le Pin d’Alep (Pinus halepensis).
Il est plus rare sur les Cèdres de l’Atlas et du Liban (Cedrus atlantica et libani).
Sa répartition géographique comprend les zones atlantiques (jusqu’en Bretagne) et les zones méditerranéennes, avec une remontée vers le nord dans le couloir rhodanien et une extension vers le Sud-est et la région de Grenoble et Gap.
Le papillon, de 30 mm environ d’envergure est gris-marron. La chenille, de couleur marron-rouge, mesure 35 mm en moyenne.
On doit signaler que la Processionnaire du chêne (Thaumetopoea processionea), espèce très proche de celle du Pin, provoque des dégâts comparables.
Chenilles L1 L2
Biologie, dégâts :
Ce ravageur apparait sous forme adulte pendant les mois de juin, juillet, août.
Après fécondation, les femelles pondent 200 œufs en moyenne. Ces derniers ont l’aspect d’un manchon de couleur beige-gris, de 5 cm de long, disposés sur une ou deux aiguilles accolées.
Les papillons adultes sont des insectes nocturnes et ne vivent généralement qu’une nuit.
Comme tout insecte nocturne, les adultes utilisent la lune pour se déplacer. Ils se posent sur des arbres isolés ou en bordure de plantation, au sommet des arbres. Très rarement à l’intérieur des plantations.
La femelle ne parcours pas plus de trois ou quatre kilomètres. Le mâle, lui, peut parcourir jusqu’à cinquante kilomètres.
Trente à quarante jours plus tard, les jeunes chenilles tissent de légers réseaux de soie et se fixent définitivement en construisant, vers le mois d’octobre le nid d’hiver, bourse soyeuse de grande dimension.
La nuit, elles quittent leur refuge pour dévorer les aiguilles.
Vers la fin de l’hiver ou début du printemps (février selon la température), les chenilles quittent le nid et forment une procession ( à la queue-leu-leu), d’où le nom de « Processionnaires ».
Elles cherchent un biotope chaud, éclairé et un sol meuble pour s’enterrer. Elles confectionnent leurs cocons et se transforment en chrysalides.
Les dégâts sont toujours importants : défeuillaison, déformation des rameaux. Les sujets attaqués ont une croissance ralentie et une végétation languissante.
Des invasions d’insectes xylophages (ravageurs du bois : Scolytes en particulier), sont alors à redouter.
Méthodes de luttes :
Culturale ou mécanique : Collecter les nids en coupant les rameaux porteurs à l’aide d’un « échenilloir », puis les brûler.
Porter des EPI (équipement de protection individuel) : combinaisons, gants, masques, lunettes.
Attention danger pour les exécutants, les poils des chenilles de dernières générations (L3, L4, L5), possèdent des propriétés urticantes, capables de déclencher des réactions allergiques : œdèmes, démangeaisons, asthme, pertes de connaissance, etc. … Surveiller les animaux de compagnie et de la ferme.
On peut détruire les nids avec des tirs au fusil. Mais cette technique ne doit s’utiliser qu’en milieu dégagé, loin des habitations.
Piégeage par confusion sexuelle : Utiliser une phéromone sexuelle de synthèse. Cette méthode lutte contre les mâles en les capturant.
Cette méthode est assez efficace, car elle limite le nombre des mâles, donc l’accouplement. Elle a un coût assez élevé. Il faut prévoir quatre à six pièges par hectare selon la densité, ou un piège tous six à sept sujets, en plantation d’alignement.
Biologique : Plusieurs parasites se développent aux dépens de la Processionnaire du Pin :
Les oiseaux : Mésange Charbonnière, Mésange Verte.
Des orthoptères (sauterelles, grillons) : Ephipigger des vignes dévorant les pontes.
Des fourmis qui attaquent les chenilles et papillons.
Des mouches : Tachinidaire (Phryxe caudata) qui pond sur les chenilles.
Villa brunnea : diptère famille des mouches qui parasite les chrysalides.
Des champignons : Beauveria bassiana.
Des virus : Smithiavirus pityocampa. Ce parasite a été appliqué avec succès sur les pins du Mont VENTOUX.
Des bactéries : Bacillus thuringiensis donne les meilleurs résultats. Ingéré, il déclenche une maladie chez les chenilles qui meurent en trois semaines. Aucun danger pour l’homme et la faune utile ou indifférente.
Mesures écologiques :
Améliorer la biodiversité des peuplements et plantations, en favorisant les arbres feuillus, afin de freiner la propagation de l’insecte et son cortège parasitaire.
Eviter de planter le Pin noir d’Autriche, dans les lieux fréquentés par le public, sous réserve de pouvoir choisir une autre essence et dans les secteurs favorables à la chenille.
Lutte chimique :
Nous n’aborderons pas volontairement ce chapitre, car cette méthode est dangereuse pour la population et la biodiversité.
En effet, études scientifiques à l’appui, nous constatons que cette méthode coûte cher et n’a pas de très bons résultats..
De plus les produits chimiques provoquent des déséquilibres dans la chaine alimentaire et la biodiversité.
Enfin c’est une méthode qui met gravement en danger les abeilles, à cause des « fameux perturbateurs endocriniens ». Les abeilles sont responsables de 80% de la pollinisation des végétaux.
Risques pour l’homme et les animaux :
Les chenilles sont couvertes de poils qui se cassent dès qu’elles sont excitées ou en danger. Ces poils très volatils se dispersent dans l’atmosphère et libèrent leur substance urticante et allergisante, la thaumétopéine, dès qu’ils sont en contact avec de la peau ou de la muqueuse.
Les symptômes :
Allergies graves de type œdème de Quincke ou chocs anaphylactiques.
Démangeaisons, éruptions cutanées.
Asthme, démangeaisons oculaires, complications pulmonaires. Œdèmes pertes de connaissance, etc. …
Surveiller les animaux de compagnie et de la ferme.
Prendre rendez-vous rapidement avec un médecin.
Pour les animaux les symptômes sont à peu près identiques que chez l’homme, contacter sans tarder le vétérinaire.
Vincent Vidal
NB : Depuis plusieurs décennies, nous constatons, une modification du climat.
L’agriculture, précisément, les connaissances des particuliers et des professionnels du Paysage ont évolué.
L’utilisation des produits chimiques dits « phytosanitaires » a augmentée de façon inquiétante.
Ces facteurs associés ont perturbé l’équilibre fragile des biotopes, rompus la chaine alimentaire et favorisé l’attaque massive.
Des maladies et parasites. Il n’est pas étonnant d’observer le surdéveloppement propre à la Processionnaire du Pin.
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